méditations du Saint Père pour le Carême
Réapprendre le silence
« Réapprendre le silence, l’ouverture à l’écoute, pour nous ouvrir à l’autre, à la parole de Dieu ». « Les évangiles présentent souvent Jésus, surtout au moment des choix décisifs, se retirant seul dans un lieu à l’écart des foules et de ses disciples pour prier dans le silence et vivre son rapport filial avec Dieu. Le silence est capable de creuser un espace intérieur au plus profond de nous-mêmes, pour y faire habiter Dieu, afin que sa parole demeure en nous, pour que notre amour pour lui s’enracine dans notre esprit et dans notre cœur et anime notre vie ».
« une seconde relation du silence avec la prière » : « Ce n’est pas seulement notre silence qui nous dispose à l’écoute de la Parole de Dieu ; souvent, dans notre prière, nous nous trouvons confrontés au silence de Dieu, nous éprouvons presque un sentiment d’abandon, il nous semble que Dieu ne nous écoute pas et ne nous répond pas. Mais ce silence de Dieu, comme pour Jésus, n’est pas le signe de son absence ».
Le silence de Dieu, pour le connaître
« Le chrétien sait bien que le Seigneur est présent et qu’il écoute, même dans l’obscurité de la douleur, du refus et de la solitude. Jésus donne à ses disciples, et à chacun de nous, l’assurance que Dieu connaît bien nos besoins, dans toutes les situations de notre vie. Il enseigne les disciples : « Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N’allez pas faire comme eux ; car votre Père sait bien ce qu’il vous faut, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6, 7-8) ».
« Un cœur attentif, silencieux, ouvert est plus important que beaucoup de paroles. Dieu nous connaît jusqu’à l’intime, mieux que nous-mêmes, et il nous aime : le savoir doit nous suffire »
PRIER SANS CESSE
""Soyez toujours joyeux, priez sans cesse, rendez grâce en toutes circonstances. Telle est la volonté de Dieu pour vous, dans votre vie avec Jésus Christ.
Ne faites pas obstacle à l’action de l’Esprit ; ne méprisez pas la prophétie. Mais évaluez toutes choses : retenez ce qui est bon et gardez vous de toute forme de mal.
Que Dieu, source de paix, fasse que soyez totalement unis à lui ; qu’il garde toute votre personne, esprit, âme et corps, irréprochable pour le jour où viendra Notre Seigneur Jésus Christ.
Celui qui vous appelle accomplira cela, car il est fidèle.Frères, priez aussi pour nous.Saluez tous les frères d’un baiser fraternel.Je vous en supplie, au nom du Seigneur : lisez cette lettre à tous les frères.Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous."" (1 Théssaloniciens 5, 16-28)
La plus ancienne lettre que nous possédons de saint Paul est cette 1ère épître aux chrétiens de Thessalonique en Macédoine. Paul la signe avec Silvain et Timothée, qui l’ont accompagné dans sa mission d’évangélisation et que les habitants de Thessalonique connaissent. D’où le pluriel : « Frères, priez aussi pour nous. »
Le « nous » n’est pas un pluriel de majesté.
C’est sur ce passage que la lettre se clôt. Il est composé d’exhortations brèves qui se font suite. Elles récapitulent ce que l’Apôtre et ses compagnons ont rappelé aux Théssanoliciens : l’histoire de l’évangélisation de la ville, l’exigence d’amour fraternel entre chrétiens, l’espérance en une vie éternelle.
« Soyez toujours joyeux » Est il normal d’être toujours joyeux ? Dans les moments difficiles n’aurait-on pas le droit d’être triste ? D’après les Actes des Apôtres, Paul lui-même a dû s’enfuir de Thessalonique avec Silvain en pleine nuit pour échapper à l’hostilité d’un groupe de Juifs particulièrement monté contre lui. Était-il heureux à ce moment là ? C’est peu probable !
Si l’Apôtre invite à la joie constante, c’est qu’il s’agit d’une joie d’une autre nature, qui n’a pas grand rapport avec la simple gaîté ou le contentement du moment. C’est la joie de savoir que le Dieu de l’Évangile est un Dieu d’amour .La vie est belle parce que Dieu nous aime, non parce que le ciel serait tous les jours sans nuages.
L’amour dont nous sommes aimés est la source d’une joie profonde, qui permet de supporter les pires difficultés sans aigreur. François d’Assise parlait de « la joie parfaite »en évoquant la possibilité que, cheminant avec Frère Léon, il se fasse chasser de plusieurs couvents franciscains en pleine tempête de neige et de vent glacé. Que valent nos petites difficultés, comparées à la joie de savoir le monde sauvé par Jésus, et de s’associer à sa Passion par de modestes épreuves ?
« Priez sans cesse. »Tous les chrétiens n’ont pas choisi la vie contemplative, et même les contemplatifs ne passent pas leur temps dans l’église du monastère ! Paul le premier, actif comme nous le connaissons, faisait dans la journée mille autres choses : voyages, prédication, travail manuel pour gagner sa vie ont composé son quotidien. Lorsqu’il demande de prier sans cesse, il n’a pas en tête que ses destinataires devraient être constamment en prière. Il exhorte plutôt à entretenir en soi une disposition de prière permanente, une attitude globale de disponibilité à Dieu et à l’Esprit, qui permet de vivre les évènements en profondeur au lieu de se laisser effleurer par la vie.
L’attitude priante s’entretient par le silence. A condition de ne pas combler systématiquement les temps morts par de la musique ou par du bruit, l’espace de disponibilité que l’on crée en soi est un lieu que le Dieu vivant ne demande qu’à habiter.
« Rendez grâce en toutes circonstances » Sans doute la louange est-elle la forme la plus haute de la prière. Mais est-elle possible « en toutes circonstances » ? Les psaumes eux-mêmes ont des tonalités variées. S’il y a des psaumes d’action de grâce, d’autres sont des lamentations ou des cris de révolte. La familiarité avec Dieu à laquelle nous sommes appelés mérite que nous lui exprimions notre mécontentement quand il existe. En dehors de cette franchise, il n’y a pas de relation vraie.
Paul ne nie pas la légitimité de la plainte devant Dieu ou de l’appel au secours. Le remerciement est pourtant ce par quoi il faut toujours commencer. Un prêtre de mes amis le disait : « Lorsque vous avez envie de vous lamenter, cherchez les raisons que vous avez de vous réjouir. Il y en a plein. » Après cette reconnaissance, tout peut trouver place, y compris la plainte ; elle est alors une plainte de fils, pas une revendication.
Qui serais-je pour oser dire à Dieu que les choses devraient être autrement ? Paul écrit dans l’épître aux Romains : « Qui es-tu donc, toi, homme pour contredire Dieu ? Le vase d’argile demande-t-il à celui qui l’a façonné : « Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? « Le potier peut faire ce qu’il veut avec l’argile : à partir de la même pâte, il peut façonner un vase précieux ou un vase ordinaire « ( Rm 9, 20-21).
Il y a, dans les trois exhortations par lesquelles s’ouvre le passage, de quoi porter sur la vie un regard autre que celui que l’on est spontanément tenté de porter. C’est souvent à cela que
nous conduit la lecture de la Bible : à convertir notre regard, sans pour autant tomber dans la résignation.
Par là se comprennent les impératifs qui suivent : ne pas faire obstacle à l’action de l’Esprit, ne pas mépriser les messages inspirés, se garder du mal sous toutes ses formes. L’Esprit Saint est vivant et ne cesse de frapper à la porte. Il suffit de ne pas la fermer pour qu’il puisse entrer en nous. En se gardant du mal, on rend possibles toutes les formes du bien qui sont, les unes et les autres, œuvre de l’Esprit. Ce n’est pas pour rien que l’Église a distingué, en les empruntant au prophète Isaïe, sept dons du Saint Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et « crainte de Dieu » (une référence religieuse qui n’est pas la peur).
Être chrétien, c’est d’abord reconnaître que nous recevons la vie d’un autre, pas seulement la vie végétative transmise par nos parents, mais aussi la vie spirituelle, celle qui nous nourrit en permanence et nous permet d’agir de façon fidèle à l’Évangile. La joie et l’action de grâce en sont la toile de fond. Elles donnent le climat de toute activité engagée sous l’impulsion de l’Esprit, activité qui, elle aussi, est prière.
La vie en Dieu de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny
La bienheureuse Mère Marie de Jésus fut la toute première Zélatrice de la Garde d’Honneur du Sacré Cœur avant de devenir la fondatrice des Filles du Coeur de Jésus
La vie en Dieu de Marie de Jésus repose sur une triple conviction.
Premièrement, le Bon Dieu nous a créés pour une existence impérissable comme l’exprime bien le livre de la Sagesse : « Car Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l’être ; les créatures du monde sont salutaires, en elles, il n’est aucun poison de mort, car l’Hadès ne règne pas sur la terre ; car la justice est immortelle » (Sg 1, 13-15)
La foi judéo chrétienne tient que lorsqu’une personne décède. Dieu ne peut pas en être la cause. Que serait la bonté divine, s’il voulait qu’un tel meure d’une maladie, de vieillesse ou d’un accident, et pire encore s’il prenait plaisir à cela ? Mais alors pourquoi la mort ? La suite du livre de la Sagesse nous le révèle. « Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il en fait un usage de sa propre nature ; et c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent ! » ‘(Sg 2,23-24) Le diable dont l’action consiste à semer la mort moyennant la division en nous même, entre nous et avec Dieu, ne peut pas supporter que l’être humain soit porteur de l’empreinte divine qui le rend capable de rentrer en communication avec Dieu et de jouir de cette béatitude de vie.
Deuxièmement, Mère Marie de Jésus est convaincue que seule la générosité de Notre Seigneur Jésus Christ peut définitivement bouleverser la loi de la mort en la faisant exploser de l’intérieur par la puissance de la charité, selon l’admirable expression de l’apôtre Paul : »Lui, qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté (2 Co 8,9) La libéralité de notre Dieu est telle qu’en nous envoyant son Fils unique parmi nous, celui-ci ne retienne pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, prenant la condition d’esclave, s’humiliant dans l’obéissance à mourir sur une croix (Ph2 6-8). Du cœur de cette pauvreté extrême, l’Amour va dire son mot ultime : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ! Ainsi, comme elle l’écrit, sommes-nous « les enfants de la Plaie du Coeur de Jésus… Mais le Sang et l’Eau ne vont pas sans plaie » (L 36).
Oui, Père, pardonne c'est-à-dire, donne par delà cette ignorance qu’est le voile du péché ; manifeste l’Amour dont la mesure est d’aimer sans mesure, et toi chrétien, vois s’il est plus grand amour que de donner sa propre vie pour ses amis ! C’est pourquoi, le crucifix avec le Crucifié restera toujours dans nos églises et à la croisée de nos chemins, le signe le plus admirable d’un tel mystère de puissance d’Amour ; non pas un signe d’un dolorisme macabre, mais le symbole de ce que seul l’anéantissement libre et amoureux pour réparer pour la plus grande gloire de Dieu.
Troisièmement, le salut opéré par l’unique médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus, est l’œuvre même de Dieu « Je t’ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donné de faire » (Jn 17,4) ; A partir de cette vérité évangélique, Marie est convaincue que la foi consiste à travailler à cette œuvre, en se conformant totalement et pleinement au Christ, selon ses propres paroles « ils lui dirent alors ‘Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? ‘ Jésus leur répondit « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en Celui qu’il a envoyé » (Jn 6 28s). La vierge Marie est la première à l’avoir intégralement vécue. C’est la raison pour laquelle en fondant les Filles du Cœur de Jésus, en 1873, à Berchem(Belgique), âgée de 32 ans, Marie de Jésus trouvera dans l’union des Cœurs de Jésus et de la Vierge, le modèle de la vie chrétienne, le modèle du sacerdoce marial, du sacerdoce baptismal.
Marie de Jésus trouvera dans l’Eucharistie et son adoration le lieu précieux qui l’animera avec ses Filles bien-aimées, jusqu’au bout du don total. Elle-même l’a vécu, lorsque cinq ans après avoir fondé le couvent de la Servianne à Marseille, et alors que le jardinier, anarchiste, lui tirera dessus à bout portant, elle tombera et mourra le 27 Février 1884, prononçant ses dernières paroles « Je lui pardonne … pour l’Œuvre… pour l’Œuvre… »
Que Marie de Jésus nous soutienne dans notre recherche de conformité à Notre Seigneur Jésus Christ.
Extrait d’une Méditation du Père Lucchesi. Cet extrait est tiré de son livre intitulé MARIE DE JÉSUS DELUIL MARTINY, paru dans la Collection PRIER 15 JOURS avec … NOUVELLE CITE.