NOTRE-DAME DU SACRE-CŒUR Patronne de la Garde d'honneur
La Vierge Marie, sous le vocable de Notre Dame du Sacré Cœur est la première protectrice de la Garde d’Honneur, spécialement comme modèle idéal d’amour et de réparation au Sacré Cœur de Jésus.
C’est au 8 décembre 1854, jour de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception qu’il faut remonter pour trouver l’origine de la dévotion à Notre Dame du Sacré Cœur. Ce jour là, toutes difficultés vaincues par une série d’actes protecteurs de la Sainte Vierge, deux prêtres du diocèse de Bourges jetaient les premiers fondements de la Société des Missionnaires du Sacré Cœur d’Issoudun, qui, dans leur pensée, devaient se consacrer exclusivement à faire connaître et aimer ce divin Cœur. Le 9 juillet de l’année suivante, ils étaient officiellement installés par le cardinal du Pont, Archevêque de Bourges.
"Le Fils ne va pas sans la Mère : et bien ! nous honorerons Marie désormais sous le vocable de Notre Dame du Sacré Cœur ; ce sera l’expression particulière de notre reconnaissance et le symbole de sa puissance sur le Cœur de Jésus " . Et de suite, ils placèrent dans leur jardin, sous un berceau de tilleuls, une statue de la Mère de Dieu, avec cette inscription qu’on lisait pour la première fois : Notre Dame du Sacré Cœur, priez pour nous.
L’image de Notre Dame du Sacré Cœur est très expressive. Marie, les mains étendues et foulant du pied le serpent maudit, contemple l’Enfant Jésus, debout devant elle. Jésus, souriant, de la main gauche, découvre son Cœur et, de la main droite, montre sa Mère, comme pour dire : c’est Elle Qui me l’a donné.
Dès la fondation de la Garde d’Honneur, Sœur Marie du Sacré Cœur BERNAUD, inscrit Notre Dame du Sacré Cœur en tête des protecteurs ; car ce titre convient admirablement à l’esprit de la nouvelle œuvre, en indiquant les rapports intimes de Marie avec le Cœur de son divin Fils et en donnant Marie comme modèle accompli du vrai garde d’honneur.
En relisant l’Évangile et la Tradition de l’Église, nous pouvons saisir quelques lignes des rapports de Jésus et de Marie, et nous en édifier.
I. – Dès le premier instant de sa Conception, Marie fut préservée de la tache originelle. C’est un dogme de notre foi. Cette faveur insigne lui fut accordée, selon la parole de Pie IX, en vue des mérites du Rédempteur futur, c'est-à-dire de son divin Fils. Or tous les mérites du Sauveur découlent de son Cœur d’Homme-Dieu. La Sainte Vierge était donc, dès ce moment, Notre Dame du Sacré Cœur, et on peut dire que l’Immaculée devint alors déjà le garde d’honneur le plus parfait ; en rendant à Dieu, par la beauté de son âme privilégiée, gloire, amour et réparation.
II. – A l’âge de trois ans, en pleine conscience d’elle-même, Marie quitta la maison paternelle et s’achemina, en compagnie de ses parents, vers le Temple de Jérusalem, le seul sur la terre qui fut consacré au vrai Dieu. Là, en présence des prêtres de l’Ancien Testament, elle se donna au Seigneur, par le vœu, inconnu jusqu’alors, de virginité perpétuelle. Elle se rapprochait ainsi du Sauveur, par sa ressemblance de victime pure. Et derrière les murailles du Temple, que furent les années de son enfance et de sa jeunesse, sinon une heure de garde perpétuelle, dans la méditation des Saintes Écritures ?
III . – Voici l’Incarnation. L’Ange Gabriel a révélé à Marie le plan divin, scène grandiose où se décida le salut du monde. Marie a accepté. Comme conséquence de cet événement, qui pourrait décrire son union au Sacré Cœur, durant les mois où le corps de Jésus se forma de sa substance même, où le Cœur de Jésus, avec sa tendresse et sa sensibilité, se façonna par l’action du sang le plus pur sorti de son propre cœur. Le prophète Isaïe avait annoncé ce prodige sous une gracieuse image : « Une tige sortira de l’arbre de Jessé, et il y naîtra une fleur sur laquelle l’esprit de Dieu se reposera ». Marie était cette tige. Jésus était cette fleur. Qu’y a-t-il de plus intime que l’union de la fleur et de la tige qui la supporte et la nourrit. ? On ne peut songer sans émotion à ce que furent alos les heures de garde de la Sainte Vierge, en présence de Jésus, dont elle était le premier ostensoir et qu’elle savait devoir être l’Agneau de Dieu, immolé pour le salut du monde.
IV . – Durant la vie de Notre-Seigneur, l’union de Jésus et de Marie devint plus étroite et plus profonde. Marie en effet était la Mère de Jésus. Or, être mère, n’est ce pas incarner l’amour et posséder l’autorité? Concluez. Ce furent d’abord les premières années, où l’Enfant Jésus reçut les caresses et les soins maternels, et y répondit par ses sourires et surtout par ses grâces de choix : le Cœur du Fils s’épanchait dans le cœur de sa Mère, et réciproquement. Puis ce fut l’adolescence, où les absences du divin ouvrier devenant plus fréquentes et plus prolongées, par suite de son travail du dehors avec saint Joseph, la pensée de Marie, le suivait avec plus d’affection : « Elle conservait et méditait dans son cœur, dit l’Évangile, tout ce qu’elle voyait et entendait du divin Enfant ».
Puis ce fut la vie publique, durant laquelle le Sauveur rentrait rarement sous le toit de Nazareth. Croyez vous que Marie le perdait de vue? Certes non. Leurs deux cœurs restaient unis par la prière, par l’amour, par la similitude des sentiments, par la claire vision du but suprême. Et quelles heures de garde délicieuses, de près ou de loin, plus belles que celle des anges.
V . – A l’heure de la Passion, le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie furent plus unis que jamais, parce que plus immolés. Parcourez le chemin de la Croix, vous en aurez une saisissante impression, et à lire le Stabat Mater, on devine une heure, ou plutôt trois heures consécutives de garde, pendant lesquelles le Fils et la Mère burent au même calice d’amertume et de réparation .Pourquoi ? pour être plus rapprochée du Cœur blessé de son Fils Bien Aimé, pour mieux s’unir à ses douleurs expiatrices, pour lui dire,
par son silence héroïque, qu’elle souffrait comme Lui et avec Lui, suivant la parole du vieillard Siméon : « un glaive de douleur transpercera ton âme ». C’est ainsi qu’à coté de la médiation de justice, privilège exclusif du Sauveur, donnant jusqu’à la dernière goutte de Son Sang, il y avait la médiation de convenance et d’intercession, fonction réservée à Marie et qui lui conférait une sorte de juridiction sur les richesses du Sacré Cœur.
VI .– Après la Résurrection et l’Ascension, l’union des Cœurs de Jésus et de Marie ne fit que grandir. .Pour Marie, c’était le souvenir, la physionomie, les détails de la vie du cher disparu et elle n’avait plus qu’un désir…s’en aller, pour le retrouver à tout jamais.. Pour Jésus, c’était l’amour filial, qui n’avait rien oublié des 33 années passées avec sa Mère et
qui lui préparait les splendeurs de l’Assomption. En attendant, l’un et l’autre se retrouvaient dans la communion quotidienne, avec quelles mystérieuses effusions ! Il y avait plus. Il y avait les longues heures de garde, prélude des nôtres, où la Reine des Apôtres unissait ses immolations volontaires aux travaux des Douze et aux intentions de son Fils, pour l’achèvement du Règne de Dieu dans les âmes : noble idéal des gardes d’honneur. Et un jour, cette union de Jésus et de Marie ira s’achever au Paradis, où Marie est maintenant, au suprême degré, la Souveraine du Sacré Cœur.
"Que notre pensée, comme celle de Marie, embrasse tout le vaste horizon des réparations et des expiations si nécessaires aujourd’hui, et que l’heure que nous avons choisie, rayonne du double éclat de notre fidélité et du bienveillant intermédiaire de Marie. Nul ne peut, comme Marie, disposer des trésors du Sacré Cœur. De ses yeux maternels, elle y découvre l’amour immense du Sauveur pour les hommes ; elle y voit aussi, comme dans un miroir, les souffrances et les détresses, les dangers et les luttes de chacun de ses enfants."
Chanoine Louis LAPLACE
SAINT JOSEPH , patron de la Garde d'honneur
"Un jour, la Très Sainte Vierge Marie me fit voir le Sacré-Coeur de Jésus comme une source d'eau vive, où il y avait cinq canaux qui coulaient avec complaisance dans cinq coeurs qu'Il s'était choisis pour les remplir de cette divine abondance." Le deuxième de ces coeurs, cités par sainte Marguerite-Marie après celui de l'Immaculée est celui de saint Joseph, céleste patron de la Garde d'Honneur et plus spécialement de ceux de ses membres qui sont voués au travail: " Le magistrat, l'ouvrier, l'étudiant, le cultivateur, le soldat....", " les vaillants chrétiens de toute condition." (1)
Pourquoi Saint Joseph ?
Méditant une parole de l'Ecriture:: " Le Seigneur s'est cherché un homme selon son coeur.." (2), Bossuet, contemporain et compatriote de la confidente de Sacré-Coeur, voir en Joseph, "cet homme selon le Coeur de Dieu" (3) et développe les trois vertus cachés dans son âme: la simplicité, le détachement, l'amour de la vie cachée. "Joseph, homme simple a cherché Dieu; homme détaché, a trouvé Dieu; Joseph, homme retiré, a joui de Dieu." (4)
"Simplicité "
Le coeur simple est le coeur droit, tout tourné vers Dieu avec une grande pureté d'intention." Qui prétend paratger son coeur entre la terre et le ciel, ne donne rien au ciel, et tout à la terre, parce que le terre retient ce qu'il engage, et que le ciel n'accepte pas ce qu'il offre." (6) Le coeur simple est le coeur docile à la grâce, ce que Dieu veut s'y imprègne comme en une bonne terre. Le coeur simple est enfin pur dans sa foi, celle de Joseph "surpasse celle d'Abraham" (7) pour Bossuet.
Sans prétendre égaler un tel modèle la Garde d'Honneur doit se poser la question dans la quelle l'Aigle de Meaux achève son premier point: " comment croyons -nous ?" comment bâtissons-nous notre foi ? Avons- nous vraiment tranché entre vie chrétienne et vie mondaine ? Voulons-nous être heureux dans ce monde ou dans un autre ? Si la réponse est affirmative, il y a y une véritable recherche de Dieu.
"Détachement "
Saint Joseph nous offre nsuite l'exemple d'un détachement sans réserve, détachement des passions (Bossuet développe la jalousie "dure comme l'enfer" qui ne peut rien contre le juste Joseph), détachement de ses intérêts et de son propre repos. "Il va néanmoisn sans s'inquiéter (...) seulement parce qu'il est avce Jésus-Christ, trop heureux de le posséder à ce prix (...) heureux, tranquille, assuré, parce qu'il ne rencontre ni repos, ni demeure (..) (8). Par son admirable détachement, Joseph a trouvé Dieu et nous appelle à le suivre dans cette voie. "Chrétiens, ne savez-vous pas que Jésus-Christ est encore caché? Il souffre qu'on blasphème tous les jours son nom, et qu'on se moque de son Evangile" (...). (9)
Sommes-nous des Gardes d'Honneur soucieux de l'honneur de Dieu et de son Eglise,prêts à sacrifier notre repos, nos loisirs, nos biens, notre réputation pour le défendre ? Si oui, nous avons trouvé Dieu.
"Amour de la vie cachée"
Citons saint Grégoire le Grand: " Le monde est mort pour nous, quand nous le quittons; mais ce n'est pas assez; il faut, pour arriver à la perfection, que nous soyons morts pour lui (...) que nous ne plaisions plus au monde, qu'il nous tienne pour mort (...) c'est là qu'on trouve la vie, parce que l'on aprrend a jouir de Dieu, qui n'habite pas dans le tumulte du siècle, mais dans la paix de la solitude et de la retraite.' (10) Bossuet montre cette " haute perfection du christianisme" dans la vie humble et cachée du patriarche de Nazareth. "Joseph a dans sa maison de quoi attirer tous les yeux de la terre et le monde ne le connait pas: il possède un Dieu-Homme, et il n'en dit pas mot." (10) Dans un autre sermon, il en laisse entrevoir l'éternelle récompense: " Dieu réparera l'obscurité de sa vie; et sa gloire sera d'autant plus grande, qu'elle est réservée pour la vie future." (11)
Sans doute, le Garde d'Honneur est-il moins exposé aux tentations de la vaine gloire que le royale auditrice du grand prédiacteur, mais qui aurait deviné alors la destruction syxtématique de la vie intèrieure par le bruit des médias, l'infernale invasion des "écrans" ?! Moins qu'un autre, le garde fidèle n'a le droit de perdre son temps, et de mettre en péril son âme, devant ce que l'on peut souvent nommer, hélas, les "tabernacles" du démon.
"Exemple de tous ceux qui doivent gagner leur pain" (12)
Patron céleste des Gardes d'Honneur, saint Joseph "modèle des travailleurs" l'est tout particulièrement de ceux qui sont voués au travail. Avec lui, ils pourront surnaturaliser tous leurs actes, les sanctifier par la pensée et l'amour du Sacré-Coeur: " Mon sauveur bien-aimé, j'accepte cette faigue en expiation de mes péchés et en union avec celles que vous avez endurées pour mon salut." (13). Saint Joseph artisan ne rêva pas de lendemains "paradisiaques" où le travail cesserait d'être pénible, il voyait le Rédempteur, courbé avec lui sur l'ouvrage, il savait que le labeur accepté en esprit de réparation a, grâce au Christ, une valeur rédemptrice. "Oh Ce pain gagné par saint Joseph ! (...) oh ! cet atelier : (...) Qui ne sent que le ciel est là, et que cette humble et ignorée maison de Nazareth est plus sainte que le Temple, plus bénie que l'Arche d'Alliance..." (14). Au moment de conclure son encyclique sur le communisme, après avoir rapellé que le libéralisme lui a frayé la voie (15), Pie XI se tourne vers saint Joseph pour hâter " la Paix du Christ dans le Règne du Christ", "tandis que les promesses des faux prophètes s'éteignent, sur cette terre, dans le sang et les larmes.''
Plus de soixante-dix ans après, que de sang et de larmes coulent encore sur terre ! Que les Gardes d'Honneur supplient le Patron de l'Eglise universelle de leur obtenir les trois vertus cachées dans son âme, d'augmenter en eux les trois amours qui brûlent son coeur: l'amour de Jésus, l'amour de Marie et l'amour de l'Eglise, et ils pourront alors hâter la Paix du Crist dans le Règne du Christ !
O.B
(1) Manuel de la Garde d'Honneur. 1913.
(2) 1er livre de Samuel XIII, 14.
(3) Bossuet, Oeuvres, NRF, 1961. Second panégéryque de St Joseph.
(4) Ibid. p. 497
(5) Génèse XLI, 5,5
(6) Bossuet, op. cit. p. 498
(7) Ibid.p. 500
(8) Ibid. p. 503
(9) Bossuet. op. cit. Premier panégéryque (1656) p. 347.
(10) Bossuet. op. cit.Second panégéryque p. 510.
(11) Bossuet. op. cit. Premier panégéryque (1656) p. 348.
(12) Divini Redemptoris, 19.03.1937. Bonne Presse. Paris 1950.
(13) Manuel op.cit. p.88
(14) Mgr Gay (1879) cité par D. Foucher Notre Père, Joseph le charpentier.Ed. de Montligeon 1999 p.173.
(15)Ibid. pp. 45-46