L'Adoration Réparatrice de Jésus
Lorsque nous nous agenouillons devant le Saint Sacrement, nous adorons Jésus, qui lui-même est continuellement en adoration devant le Père. Entrons dans l’adoration de Jésus, et par Lui, avec Lui et en Lui, rendons tout honneur et toute gloire à l’adorable Trinité.
La dimension réparatrice donne un surcroît d’amour à nos adorations. C’est adorer Dieu pour Dieu, et non pour soi-même (parce que ça me fait du bien) ; c’est adorer Dieu pour ceux (à la place de ceux) qui ne le peuvent pas ; c’est adorer Dieu avec un coeur d’autant plus aimant, et même compatissant à ses douleurs, qu’il est insulté, méprisé, profané…
« Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher notre salut !
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
Adorons le Seigneur qui nous a faits »
(Psaume 94).
Jésus, adorateur du Père
Jésus-Christ, le Verbe incarné, est, par excellence, le véritable adorateur en esprit et en vérité.
Seul, il a compris tous les droits de Dieu, tous les devoirs de la créature ; seul, il a dignement reconnu les premiers et rempli les seconds par l’adoration en esprit et en vérité, telle que le Père la cherche (Jean 4, 23), telle que la Sainte Trinité la mérite.
Jésus a non seulement aimé jusqu’à la folie de la Croix, mais jusqu’à la perpétuelle adoration ! Sur nos autels, Il rend en son Nom et au nom de toute créature, le culte suprême d’adoration dû à la Majesté divine.
« Je vous adorerai dans votre saint Temple » (Psaume 5, 8). C’est dans son Cœur, où résidait la plénitude de la divinité, que Jésus, aux jours de sa vie mortelle, a perpétuellement adoré. Il se retirait dans ce sanctuaire ineffable et là il adorait ! Aujourd’hui encore il continue son adoration dans nos tabernacles et dans les cieux.
L’adoration ! C’est la seule gloire que la très Sainte Trinité ne peut se rendre à elle-même. Conçoit-on, dès lors, avec quelle ardeur le Verbe s’est anéanti dans le sein de la Vierge Marie pour pouvoir, en revêtant notre nature, rendre à Dieu son Père, ce culte souverain de l’adoration qui n’est dû qu’à Lui seul ! Sur l’autel virginal du Cœur de Marie, Jésus-Christ a commencé, par l’adoration en esprit et en vérité, le sacrifice qu’il devait consommer sur la Croix.
Mais le sommet de la vie adoratrice du Rédempteur, c’est son Eucharistie : sommet de pur amour, parce que c’est le sommet du sacrifice. En effet, pour arriver à cette perpétuelle adoration sous les voiles de l’Hostie, Jésus-Christ a tout sacrifié, jusqu’à son humanité sainte, voilée et cachée sous l’humble apparence d’un peu de pain.
Existe-t-il une abdication plus totale de la vie propre, de la liberté, des sens, de tout l’être enfin, que cet état de très pur et très immolant amour, qui jette le Verbe Hostie prosterné devant la face de son Père, dans une continuelle et silencieuse adoration !
Adorer comme Jésus…
Adorer comme Jésus, c’est se prosterner de corps, s’anéantir d’esprit et de cœur devant la majesté de Dieu ; c’est surtout incliner sa volonté dans le respect, la soumission, le dévouement, le sacrifice et l’amour.
Dans cet état de prosternement intérieur et extérieur, tantôt l’âme prie, supplie, demande pardon, s’offre à Dieu en holocauste ; tantôt, comme les anges qui se voilent la face et disent « Amen »(Apocalypse 7, 12), elle se tient dans une humble et tremblante contemplation, s’anéantissant devant le Très-Haut, se contentant de dire : « Tu es grand ! Tu es saint ! Tu es bon ! Tu es amour !... Amen » ; tantôt, comme les anges et le psalmiste, l’âme éclate en chants d’admiration, en prosternations de dévouement, en cantiques d’action de grâces. Enfin, le plus souvent, elle se tait… et son silence adore.
L’acte d’adoration est le fruit le plus beau des vertus de foi, d’espérance et de charité ; la source féconde de l’humilité, du dévouement, de toutes les autres vertus. C’est le « sacrifice de justice » (Psaume 4, 6) et le plus parfait hommage rendu à Dieu par sa créature.
Adorer Dieu ! C’est aussi le plus grand honneur rendu à l’homme sur la terre ; ce sera son éternelle fonction dans les cieux.
Adorer, enfin, c’est l’acte par excellence de la vertu de religion.
Il y eut au Calvaire une heure de grand silence, afin que rien ne troublât la suprême adoration par laquelle le Christ agonisant consommait son sacrifice. Et la Sainte Eglise, au moment le plus solennel du plus grand des mystères, à l’élévation de la Sainte Hostie, nous invite tous à nous anéantir avec Jésus dans une profonde et silencieuse adoration.
Puissent nos adorations aller toujours se multipliant, se perfectionnant surtout… et l’Eglise, comme Jésus son Epoux, terminer sa course ici-bas, prosternée dans l’adoration !
Adorer par Lui, avec Lui et en Lui
C’est à cette adoration que Jésus convie ses fidèles Gardes d’honneur. Il les appelle non seulement à venir l’adorer lui-même dans nos églises ; mais il les fait pénétrer dans le Saint des saints, au plus intime de son Cœur, afin qu’unissant leurs adorations à ses adorations, ils rendent par Lui, avec Lui et en Lui, à la Très Sainte Trinité, cette grande gloire qu’elle attend de ses humbles créatures.
Les Gardes d’honneur adorent Jésus d’une adoration réparatrice ; c’est-à-dire qu’ils voudraient compenser par leur amour et leurs hommages, l’oubli, la désertion de tant de chrétiens qui s’éloignent de Jésus. Puis, pénétrant jusqu’au Cœur de Jésus, ils adorent en ce saint temple la Sainte Trinité, et Dieu est souverainement glorifié !
Adorer, quel privilège !
Chaque jour, les Gardes d’honneur se rendent en esprit au Tabernacle, le Poste d’amour, pour y remplir leur mission de l’Heure de garde.
Le plus souvent possible, mais particulièrement le 1er vendredi de chaque mois, ils se réunissent, en réalité auprès de Jésus-Hostie. Ils contemplent, aiment, consolent, adorent leur Roi et leur Dieu ! Ils lui font amende honorable et réparation d’honneur pour la haine dont on le poursuit, pour les outrages dont on l’abreuve, pour les crimes qui inondent la terre… Ils implorent la miséricorde de Dieu pour eux-mêmes et le monde entier !...
Alors, Jésus les comble de bienfaits. Peut-être ne leur accordera-t-il pas toujours ses consolations ? Peut-être les associera-t-il aux angoisses de sa Passion ? mais alors surtout, il les bénira, les confortera… « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! »