Une spiritualité à la portée de tous dans la vie quotidienne
Sœur Marie du Sacré-Cœur BERNAUD ne prétendait pas faire un nouvel exposé doctrinal du culte du Sacré-Cœur mais de l’adapter aux mentalités de son époque.
Le culte du Sacré-Cœur a connu un essor plus important au XIXe siècle qu’au XVIIIe.
De nombreux monastères, des fondations d’ordres religieux masculins ou féminins (plus d’une trentaine depuis 1800), des paroisses, confréries, associations … se placèrent sous le patronage du Sacré-Cœur. Ils en recommandaient le culte dans de multiples bulletins.
Que Sœur Marie du Sacré-Cœur s’inspire des orientations données par son Fondateur, St François de Sales, si attaché au Cœur de Jésus, n’est pas surprenant puisque dans son livre : « L’Introduction à la Vie Dévote »,
il s’adressait expressément à tous les gens du monde qui vivent « en ville », en couple, à la cour… et qui par leur condition, sont obligés à une vie commune quant à l’extérieur ! « L’introduction à la Vie Dévote » dut paraître une idée nouvelle car elle n’était pas réservée aux religieux et aux religieuses « retirés du commun du monde » mais elle s’adressait également à tous les chrétiens appelés à vivre « dans la vie commune » !
Les rééditions successives de « l’Introduction » témoignent du succès des conseils adaptés à toutes les situations pour vivre une spiritualité simple et éclairée.
Sœur Marie du Sacré-Cœur, qui, avant d’entrer en religion avait connu une « vie dévote », eut la révélation que la dévotion au Sacré-Cœur pouvait servir de base à une spiritualité à la portée de tous. Chacun, suivant « son état et sa condition » pour reprendre les mots de St François de Sales, pourrait la vivre en esprit de pénitence, de réparation, pour la plus grande gloire de Dieu, simplement dans l’exercice de son devoir d’état.
En ayant reçu la grâce de la Garde d’Honneur, le 13 mars 1863, Sœur Marie du Sacré-Cœur BERNAUD se sentait pressée de trouver un moyen de répondre au psaume 68 : « j’ai cherché des consolateurs et je n’en ai pas trouvé. ».
Par la Garde d’honneur, elle voulait aussi répondre aux désirs du Cœur de Jésus exprimés à Ste Marguerite-Marie :
« …Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. …. »
A l’imitation de la Vierge Marie, de Saint Jean et de Sainte Marie-Madeleine au pied de la Croix, la fonction de la Garde d’Honneur est d’offrir à Dieu le Père, le Sang et l’Eau jaillis du Cœur ouvert de Jésus, pour l’Église et le salut des hommes.
Ainsi, ceux qui accepteraient d’adhérer à la Garde d’honneur, pourraient pratiquer une vie d’union au Christ, à son Sacrifice, par l’adoration en esprit, la louange, la réparation, la supplication dans le cadre de la vie quotidienne.
C’est ainsi qu’elle demanda aux adhérents, l’offrande du travail de chaque jour, au cours d’une heure privilégiée par chacun.
L’heure de garde ne consiste pas à passer une heure d’adoration devant le St Sacrement - c’est là l’originalité – de Sœur Marie du Sacré Cœur, mais à vivre une heure quotidienne sans rien changer aux occupations habituelles, qu’elles soient d’ordre ménager, professionnel, familial, de loisirs… mais en prenant plus intensément conscience de la présence de Dieu.
Durant cette heure, l’associé offre en louange et réparation tout ce qu’il fait où qu’il soit.
L’inscription symbolique du nom de l’associé à l’Heure choisie sur le cadran est le signe visible de l’engagement qu’il prend de consacrer cette heure précisément à son « heure de garde ». Ainsi, d’engagement en engagement et du fait du décalage horaire, les 24 heures du jour sont couvertes.
En précisant les buts, les structures, les méthodes de l’Association. En rédigeant brochures, billets, formules de prières ou de consécration, et même tout un florilège de cantiques,la Garde d’Honneur a toujours été encouragée par les approbations de l’Épiscopat français et étranger, et par divers Brefs pontificaux.
Sœur Marie du Sacré-Cœur en a été « l’âme » de l’Association durant 40 années aidée par la première zélatrice, Sœur Marie de Jésus Deluil-Martiny ! Cependant si l’expansion de la Garde d’honneur fut rapide, elle connut une opposition inattendue lorsque Sœur Marie du Sacré-Cœur insista sur la plaie au côté et le coup de lance qui avait transpercé le Cœur du Christ sur la croix. Il fallut une intervention personnelle du Pape Pie IX pour trancher le débat. Comme on lui présentait le texte d’une prière dite :« La Très Précieuse Offrande » qui reste traditionnelle, Il accorda à la récitation de cette prière des indulgences en ajoutant : « Au lieu de discuter indéfiniment sur les mérites de cette blessure ou sur les mérites du précieux sang, il faut en demander l’application efficace » !