« Je veux former autour de mon Cœur une couronne de douze étoiles composée de mes plus chers et fidèles serviteurs » (Jésus à sainte Marguerite-Marie).

Par ces paroles, Jésus ne semble-t-il pas indiquer d’avance à sainte Marguerite-Marie, la triple union des âmes consolatrices, réparatrices et victimes, issue de son Cœur et qui composerait un jour sa Garde d’Honneur ?
Du haut du Calvaire, ne l’a-t-il pas déjà contemplée, consacrée et bénie, dans ces disciples aimants, fidèles, héroïques qui l’ont suivi jusqu’au pied de sa croix ?...
Au Golgotha, comme aujourd’hui, les camps étaient nettement tranchés ; la haine et l’amour veillaient chacun à son poste.
Une garde déicide prodiguait l’ironie et le blasphème. Ils crucifient Jésus, puis s’étant assis, ils restaient là à le garder (Mt 27, 36). Ils étaient assis dans leur triomphe, car Satan, le Prince de ce monde se croyait vainqueur ; et cependant, selon la parole du Maître, il allait être jugé et vaincu. ‘Je ne m’entretiendrai plus beaucoup avec vous, car il vient, le Prince de ce monde ; sur moi il n’a aucun pouvoir, mais il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé’ (Jn 14, 30-31).
Tout près de Jésus crucifié, une autre Garde veillait ! prosternée dans l’adoration, les larmes et l’amour ; debout dans la fidélité, le dévouement et le sacrifice : c’était Madeleine, la généreuse amante ; c’était Jean, le disciple bien-aimé ; c’était Marie, mère de Jésus.
Qui dira les consolations que Jésus reçut de cette héroïque première Garde d’Honneur pendant les trois heures de son crucifiement ?
Madeleine avait mis aux pieds de Jésus ses parfums et ses larmes, Jésus l’inondait de son très précieux Sang, faisait de la pécheresse d’hier le marchepied de son autel et le piédestal de son trône ; car Pilate l’avait écrit : le Crucifié était ROI ! Rex Judæorum (Mt 26, 37).
Jean, seul entre les douze, avait courageusement suivi son Maître ; et Jésus lui léguait sa Mère, et il l’associait à cette première et solennelle messe du Calvaire que Lui, le Pontife éternel, célébrait à la gloire de son Père et pour le salut du monde, assisté de la Vierge, sa coopératrice dans l’œuvre de la rédemption. C’est pourquoi Jean et Marie étaient debout, aux deux côtés de l’autel du sacrifice.
Quant à la Vierge immaculée, parce qu’elle avait consenti à ce que Jésus sacrifie sa vie pour nous, une génération d’âmes allait lui être donnée : en la personne de Jean, elle devenait notre mère ! Ève nous avait perdus sous l’arbre des délices ; Marie nous enfantait sous l’arbre des douleurs.
Mais la récompense suprême, réservée aux gardes d’honneur du Calvaire, a été d’assister à l’ouverture du Cœur de Jésus ! Les premiers, ils ont contemplé ce Cœur plein de douceur, transpercé par la lance, et ils lui ont offert les prémices du culte que professent aujourd’hui ses humbles consolateurs.
Marie, Jean, Madeleine sont ainsi comme les prémices et en même temps le symbole parfait de la Garde d’honneur. Ils en ont remplis l’office ; et par leurs actes et leurs sentiments, ils ont inauguré, d’une manière admirable, les fonctions diverses de ses membres.
Tel est le Point de départ de la Garde d’honneur : elle remonte au Calvaire ! Elle poursuit, après 2000 ans, la grande et sainte veille des trois consolateurs de Jésus, pour la continuer sans interruption jusqu’à la fin des temps. Elle rend continuels et ininterrompus les témoignages de reconnaissance, d’amour et de dévouement qui sont partout offerts au Cœur de Jésus, et leur donne plus particulièrement ce caractère spécial de réparation qu’exigent l’ingratitude et les péchés actuels.
Quant à sa Raison d'être qui ne l’aperçoit ? Le monde va mal… c’est le refrain que nous entendons tous les jours, la réalité que nous touchons du doigt dans notre entourage : famille, école, travail ; les médias nous en font une représentation quotidienne. Les ruines morales sont partout. Le cœur de l’homme surtout est gravement atteint. C’est à lui qu’il faut courir d’abord ; car, le cœur guéri, l’humanité est sauvée.
Mais qui sauvera l’homme de ses blessures incurables ? Le Cœur blessé de Jésus ! ‘Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison’ (Is 53, 5).